La chronique de Jean MAPOU: Vers la fin des années sabbatiques et le déclin de l’ordre de rien du tout
Par Jean Junior JOSEPH
Sans Vouloir offenser mes chers lecteurs, je m’en fous des conceptions religieuses prônées dans les écoles de l’ancien système des plantations, et qui perpétuent encore la modélisation de cette pensée sauvage qui croit pouvoir faire d’une catégorie d’hommes, des bêtes de somme raffinées et soumises; et, à mon humble avis, la religion n’a pas toujours été très réglo avec l’humanité. Enfin… j’imagine que vous êtes en train de vous demander que sais-je sur le sabbat? Hé oui, le sabbat signifie le jour de repos, selon la Bible. Mais je crois plutôt, que c’est un état de stagnation de la pensée humaine et d’inaction dans une collectivité qui se meut.
À l’époque du coup d’Etat de 1991, j’étais un pré-adolescent naïf qui espère découvrir le monde qui l’entoure. Mais je n’avais pas compris ce qui ce se passait vraiment autour; en fait il ne se déroulait rien du tout. Quand je suis entré à l’école secondaire, mon professeur d’histoire, Layette Jean Franc, a fait de son mieux pour m’aider à voir que tout était en train de s’écrouler; et là encore, je n’avais trop conscience de ce que mon esprit pouvait contenir.
1994, l’ordre démocratique fut déjà rétabli en Haïti. 26 ans après, je suis en train de remettre en question tout ce qu’on m’avait appris, tel que l’ordre établi, celui qui avait été bouleversé, ou qui venait d’être rétabli. Dans un pays tel qu’Haïti, ce que l’on qualifie de système a toujours été dépourvu de tout sens.
Au début du XIXe siècle, un groupe d’hommes considérés comme loin d’être des humains doués de raison, ont renversé un ordre mondial d’alors. Peu de temps après, ces anciens esclaves, reconnaissants à leurs anciens maitres allaient bruler leur carte routière menant au bien-être. En assassinant le père fondateur de la nation, nous avons replacé notre âme de peuple, sous les jougs de la servitude jadis brisés.
Depuis, nous nous transitons vers un but, qui fut notre idéal d’hommes libres transformés en une mentalité de reconvertis à l’esclavage, ou tout bonnement de nouvelles recrues dans les plantations modernes, appelées manufactures de sous-traitance, classe politique, le pouvoir, l’opposition et j’en passe… comme si nous étions redevables envers les colons, attitrés ambassadeurs, membres du core-groupe et pays amis de nos jours.
Nous sommes comme condamnés à revivre nos malheurs, en ne voulant rien apprendre des expériences vécues. La preuve nous refusons toutes nouvelles formules, nous nous accrochons aux anciennes méthodes sans nous rendre compte de leur déclin. Résultat le pays se bloque depuis plusieurs décennies. Grève généralisée dans les secteurs à tous les niveaux de fonctionnement et en tout temps. (Plak la kole, lap jwe menm moso mizik la epi nou pèdi tèt nou nan yon dans ki mele, pandan res monn lan ap ofri yon meyè espektak).
Je vous entends parler de grève comme si quelque chose marchait et qu’il fallait le stopper un instant pour reprendre le souffle ou pour prendre conscience. Mais non! Nous étions toujours en grève. Tout ce qui se déroule dans le pays depuis plusieurs décennies est une suite d’événements sabbatiques.
Si la grève générale se matérialise dans l’arrêt de travail dans en espace et un temps donné, on peut dire que le pays évoluait en mode sabbatique. L’administration publique au point mort, le pays n’est pas dirigé, plus rien ne fonctionne. Regardez autour de vous, dans les lycées, les hôpitaux publics, les agences de services de base, l’église, le secteur prive des affaires… quand le peuple crève de faim, c’est que l’État est en grève, le savoir, l’université, la politique, la presse, nos facultés de pensée est en grève.
Le mot d’ordre du secteur syndical devrait-être une représentation du ras-le-bol de la société, une expression de la saturation du dégoût. Ne rien faire (attitude de gréviste) a tendance à devenir une culture dans nos rapports sociaux. La grève des crèves de faim, doit augurer la fin des années sabbatiques sur Haïti, le déclin de l’ordre de rien du tout, bâti sur la corruption, la violence, la division, pour faire place à un ordre tout nouveau, comme le pense et le débatte mon ami Amos Louis sur son chanel You tube.