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La chronique de Jean MAPOU Si on ne prend pas les armes pour changer l’avenir on est doublement victime, quand on y pense…

Par Jean Junior JOSEPH

Comme je venais à peine d’enterrer mon feu père, décédé à l’âge de 97 ans, l’organisation des funérailles m’avait fait penser que mon père n’était pas mort pour rien parce qu’il n’a pas vécu pour rien. Des obsèques qui ne seraient pas à la dimension de sa personne, auraient été le tuer. Il serait mort une seconde fois. Alors en écoutant l’éditorial de J. Ph. Jérôme sur Magic 9, je me suis dit qu’il n’y aura rien de mal à lui emprunter son titre. Je dois reconnaitre que mon père s’est échappé bel au phénomène de victimisation dont ont subi les habitants de Gran Ravin en 2017, et ceux de La Saline il y a déjà deux ans. Ces personnes sacrifiées sont doublement victimes quand on y pense bien! On a fait d’eux à la fois des chasseurs autant qu’ils soient les gibiers.

Jean Junior Joseph

La justification de mon combat aujourd’hui se trouve dans le fait que je me bats pour la génération à venir. Pour que mes enfants puissent vivre tranquillement sans que personne ne leur fasse du mal. Imaginez-vous un pays où chacun peut manger à sa faim, où tout le monde peut circuler sans risque d’être kidnappé, un pays dans lequel Evelyne serait en train de préparer son entrée dans une faculté de son choix, un pays qui protégerait Grégory Saint-Hilaire. Je rêve même d’une cérémonie où le bâtonnier Monferrier Dorval recevrait des honneurs pour avoir tant donné à la jeunesse de son pays.

Mais en me réveillant, je me suis rendu compte qu’ils viennent de se passer deux années depuis que des gens qui ont vécu toute leur vie à la saline se sont fait massacrés par des gens de leur propre classe sans scrupule. Et trois années depuis qu’une opération de police, à Gran Ravin, qui, basée sur des enquêtes biaisées, ayant mal tourné, a causé la mort de huit personnes. Il y a encore moins de quinze jours ce même bidonville pleure le départ d’une jeune lycéenne de 22 ans.

Étant toujours éveillé, saisissant la réalité du quotidien de ma cité je me demandais encore quel était le bienfondé de tous ces crimes? En quoi est-ce qu’un crime peut-être justifié? Alors toutes les réponses veulent dire une chose: tous ces sangs sont coulés pour rien.

Quand je pense que les bourreaux d’antan deviennent des chefs d’aujourd’hui; les bandits ont carte blanche dans les ministères et même au palais national, le mot justice perd son sens dans les tribunaux, certains font leur beure dans le sang des victimes et la douleur des orphelins et déshérités, alors j’ai compris que les habitants des quartiers de la saline, Tokyo, Bel air, Martissan, Raboto, La Siri; des quartiers populeux de Cité Soleil et j’en passse, sont doublement victimes. Ils le sont d’ailleurs toute leur existence.

Les autorités n’ont fait que tweeter parfois, comme si le tweet pouvait inquiéter les massacreurs. Sinon demandons-nous, qui sont les vrais assassins? Les chefs avouent avoir des conversations téléphoniques avec des bandits, et en sont fiers. Vraiment quand on pense à tout cela nous comprendrons pourquoi les gens ont constamment peur.

Rien n’a été fait pour améliorer leur vécu, malheureusement leur mort n’aura peut-être rien changé. Si seulement ils pouvaient avoir la vie de mon père; celui-ci a vécu son adolescence durant la deuxième moitié du temps de l’occupation américaine. Pendant 97 ans il a survécu des règnes des Duvalier, des transitions d’après 86, l’époque du coup d’état de Cédras, Rat pa kaka etc… il est mort sur son lit d’hôpital en recevant des soins des suites d’un AVC. Mais cela ne m’a empêché de penser qu’il est victime d’une société injuste, qui génère le stresse et provoque son accident cérébral.

L’une des choses qui m’a réconforté, c’est que les obsèques de mon père furent une célébration, car c’était le jour de l’anniversaire de mon ami DD. Papa est parti avec le sentiment de n’avoir pas vécu pour rien, en faisant son temps il m’a laissé moi pour poursuivre le combat armé de ma plume en vue d’un meilleur lendemain pour les générations futures. Car pourquoi prendre les armes si ce n’est pour façonner l’avenir. Alors comment tâcherez-vous de justifier tout ce cirque dans le pays? Toutes ces victimes? Et comment?

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