Avoir une opinion défavorable à l’intervention étrangère fait de vous un nationaliste inconscient pour certains, et être pour l’intervention, témoigne d’un manque de culture historique pour d’autres. Mais un fait est certain, il est important de prendre en compte l’état actuel des choses (analyse conjoncturelle) sans pour autant négliger l’avenir, dans un contexte fleurissant, qui caractérise une analyse structurelle.
Le problème que nous avons est grave, néanmoins, il n’est pas sans solution, et l’intervention étrangère n’est pas l’unique option. Comme j’ai l’habitude de le dire à des amis proches, le désordre en Haïti est un désordre organisé donc pour remédier à cette situation, il faudrait penser à neutraliser les fabricants de crise, ceux-là qui sont les seuls bénéficiaires de ce système mangeur d’hommes.
Jadis je le disais tout bas maintenant, j’ose le dire à qui veut l’entendre, l’assurance d’un chef de gang n’est pas exclusivement dans son arme, mais surtout dans le patron politique qui lui confère une protection politique et juridique, et le banditisme armé n’est qu’une dérivation du banditisme politique. La politique de façon théorique qui n’est qu’un mode d’organisation sociale peut être un fléau sociétal, quand la société ne prend pas le temps de construire des individus sociablement viables, c’est le cas de la société haïtienne. N’en déplaise à certains de la génération 86 notamment ceux-là qui dirigent le pays jusqu’à nos jours, le constat de leur échec est patent, et il est nécessaire que cette génération tire sa révérence pour que nous puissions recommencer sur de nouvelles bases, dans le cas contraire, cela nous amènera à une situation qu’aucune personne avisée, analyste méticuleux et consciencieux n’auraient souhaité.
Une intervention étrangère apporterait indubitablement une solution conjoncturelle (dans l’immédiat) néanmoins, aucune intervention externe n’a pour mission de développer un pays. Un projet de développement nécessite une base structurelle (dans le long terme) et c’est généralement l’émanation d’une volonté collectivement Patriotique.
La grande question est de savoir si nous avons besoin d’une solution conjoncturelle qui serait probablement éphémère ou du moins une solution structurelle bien que complexe mais intemporelle. Parallèlement, une solution conjoncturelle ne serait autre qu’une solution partielle, et une atténuation temporaire à mon avis, n’apporterait rien à ce pays sinon qu’une marge de temps qui compliquerait davantage ses maux existentiels.
Ps : Courage à Jean d’Amérique, comme tout Haïtien qui se trouvent n’importe où dans le monde, vous avez le droit d’émettre votre opinion et tant pis si cela n’est pas conforme aux discours populaires.
Par Jefferson Bonissant
